L’aspirant médecin Louis, en cinquième année à l’école de santé des armées (ESA), a réalisé son stage de médecine générale à l’antenne médicale de Kourou (Guyane), durant six semaines. Entre découverte des rouages de la médecine d’unité et aperçu des différentes pathologies tropicales, suivez sa première expérience opérationnelle au cœur de « l’enfer vert ».
En Guyane, la médecine d’unité est en grande partie semblable à celle de la Métropole : médecine d’expertise lors des visites médicales périodiques ou lors du recrutement au titre du régiment du service militaire adapté, consultation traumatologique, consultations des familles, prise en charge pré-hospitalière. S’y ajoutent au quotidien : la prise en charge de pathologies plus spécifiques, la médecine tropicale, avec son lot de dengue, leishmaniose, dermatophytes, parasitologie ou autres pathologies plus rares mais contraignantes, comme la fièvre Oropouche ou les viroses de Tonate et de Mayaro.
L’antenne médicale est tournée vers l’opérationnel avec le soutien de tous les postes isolés et des différentes missions de l’opération Harpie(1). Le terme « isolé » implique le plus souvent une mise en place après 45 à 75 minutes de vol en Casa (avion-cargo tactique militaire) ou Puma (hélicoptère de l’armée de Terre de transport moyen civil et militaire) et parfois plusieurs heures de pirogue.
Au cœur de « l’enfer vert »
Pour partir en forêt, il est nécessaire d’effectuer un stage d’initiation à la vie en forêt équatoriale (SIVFE) de trois jours dans le centre d’entraînement en forêt équatoriale (CEFE) de la Légion étrangère situé à Régina. C’est donc armé de mon « coupe-coupe » que j’ai effectué ce stage pour apprendre à la fois le savoir-faire, en particulier les fondamentaux de survie en jungle et le savoir-être, notamment la rigueur indispensable dans un milieu chaud et humide afin d’éviter les surinfections multiples, les champignons, le paludisme parfois sévère ou la leishmaniose souvent mutilante. La connaissance du milieu est un réel atout dans la prise en charge médicale pour répondre au mieux aux exigences du terrain. Partir en mission en Guyane est, à ce titre, une expérience unique.
J’ai pu suivre les pas du médecin en mission de courte durée (MCD) lors de la mission OTUMBA de trois semaines en forêt profonde à l’Ouest de Camopi, au cœur de la jungle et des zones d’orpaillage. Intégré à un groupe composé du médecin, de deux gendarmes et de onze légionnaires (dont l’auxiliaire santé de la compagnie), j’ai découvert concrètement le rôle du médecin en milieu isolé ainsi que sa portée, tant sur la préservation de la santé et du moral des hommes que sur le bon déroulement de la mission : prévention de la déshydratation, des coups de chaleur, soins des blessures et importance du conseil au commandement en déclenchant ou non une évacuation médicale. Ce fut aussi l’occasion d’apprendre énormément des légionnaires, mais aussi d’appréhender les techniques spécifiques utilisées en forêt comme « boucaner » de la viande ou se servir d’une tronçonneuse efficacement et en toute sécurité.
Un lieu de rassemblement
Composée de médecins permanents, d’un dentiste, d’infirmiers et d’auxiliaires sanitaires de la Légion étrangère, des réservistes et du personnel du SSA tournant en mission de courte durée, l’antenne médicale est un lieu de rassemblement de diverses cultures militaires. C’est avec joie que lors des repas du soir et des week-ends, les conversations s’animent des diverses expériences de chacun entre deux séjours en forêt. L’antenne est par ailleurs en perpétuelle rénovation avec, en ce moment, la transformation de la salle de réunion-tradition entièrement réalisée par le personnel de l’antenne.
Partir dans une antenne médicale en Outre-mer pendant notre formation à l’ESA permet de se confronter à la préparation opérationnelle mais aussi aux différentes facettes du SSA : la médecine de l’avant et la médecine tropicale. Véritable expérience enrichissante pour notre future pratique médicale, ce stage permet aussi de découvrir la médecine en antenne médicale et son fonctionnement si particulier. C’est aussi l’occasion de créer des liens avec nos anciens, ce qui fait la véritable force du service de santé des armées.